Les premières participations de femmes aux Jeux Olympiques modernes datent de 1900 à Paris, quatre ans après leur première édition. Vingt-deux athlètes féminines ont pris part aux épreuves de tennis, de voile, de croquet, d’équitation et de golf. Si depuis, les femmes sont de plus en plus présentes dans le domaine du sport, les discriminations persistent. Salaire, accès aux responsabilités et aux structures, visibilité, Violences Sexistes et Sexuelles… Les obstacles sont nombreux. Pourtant, les sportives dépassent des records et inspirent les générations suivantes. Alors aujourd’hui, on en est où sur le sujet de la place des femmes dans le sport ? C’est parti !
🔎 SOMMAIRE
1. Femmes et sport : éléments historiques, figures pionnières et sportives actuelles
2. Défis actuels : lutter contre les inégalités et les discriminations
3. Les dernières actions et avancées pour les femmes dans le sport
Si aujourd’hui, les sportives brillent sur la scène mondiale, ça n’a pas toujours été le cas. Des pionnières ont ouvert la voie à une génération d’athlètes talentueuses et déterminées à contrer les préjugés liés au genre. Comment le paysage sportif a évolué pour les femmes ces dernières années ? Retour sur le rôle du sport, les dates clés et les athlètes qui font avancer toutes les autres.
L’accessibilité du sport n’a pas toujours été acquise pour les femmes et ne l’est toujours pas dans certains endroits. Des sportives et militantes pionnières ont ouvert la voie de l’égalité sportive dans différentes disciplines pour faire avancer la place des femmes dans le sport. En voici trois qui ont soulevé des montagnes pour faire gagner du terrain à toutes les autres.
Considéré comme une activité masculine à l’époque, le vélo est un symbole majeur du sport féminin. Malgré les réticences de l’opinion publique, sa pratique se popularise auprès des femmes dans les années 1880. En 1894, Annie Londonnerry (ou Annie Cohen Kopchovsky), fait le tour du monde à bicyclette. Cet événement majeur renforce la volonté des femmes de se déplacer librement et de s’émanciper grâce aux deux-roues.
Née en France en 1884, Alice Milliat est championne d’aviron et actrice de l’évolution de la place des femmes dans le sport. Vingt-deux ans après la première participation des femmes aux Jeux olympiques modernes, elle organise les Jeux mondiaux féminins, en 1922. Cet événement réservé aux athlètes féminines permettra l’accès des femmes à de nouvelles disciplines aux Jeux olympiques d’Amsterdam, en 1928. Alice Milliat a aussi créé le premier championnat de France féminin de football dans les années 1920.
Alors que la participation à des compétitions qui nécessitent de courir plus de 800m est interdite aux femmes aux États-Unis, Katherine Switzer enfreint la règle. Elle participe au marathon de Boston en 1976, d’abord dissimulée dans le peloton, puis rattrapée par les organisateurs qui veulent l’exclure de la course. Bien entourée, elle finit le marathon de Boston pour la cause des femmes. Le premier marathon féminin officiel a lieu lors des Jeux de Los Angeles, en 1984.
Ces événements et sportives pionnières ont, parmi d’autres, apporté leur pierre à l’édifice à l’accès progressif des femmes au sport. Depuis 1991, toute nouvelle épreuve sportive présente aux Jeux doit obligatoirement comprendre des épreuves féminines. Pour ceux de 2012, à Londres, les femmes ont enfin pu participer à toutes les disciplines, mais pas à toutes les épreuves.
Le 21ᵉ siècle est marqué par la progression de la place des femmes dans le sport amateur et compétiteur. Les Jeux de Rio (2016) comptaient 45% de femmes parmi les athlètes. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris (2024), totalisent, pour la première fois, une parité parfaite entre athlètes femmes et hommes.
Aujourd’hui, des sportives prennent le relai de leurs prédécesseuses et abordent des enjeux d’égalité actuels. En France, on peut par exemple citer la judokate Clarisse Agbegnenou, championne olympique, 6 fois championne du monde et 5 fois championne d’Europe. Elle prend régulièrement la parole sur le sujet de la maternité et casse le mythe selon lequel l’allaitement serait incompatible avec une carrière de sportive de haut niveau. De son côté, la championne de boxe mondiale et olympique Estelle Mossely a créé l’association LPERF. Sa mission ? Accompagner les femmes athlètes dans la gestion de leur carrière en prenant en compte leurs contraintes personnelles.
Sur la scène sportive internationale, Megan Rapinoe (footballeuse, États-Unis), Serena Williams (tenniswoman, États-Unis), Aly Raisman (gymnaste, États-Unis) ou encore Naomi Ossaka (tenniswoman, Japon), sont d’autres voix qui n’hésitent pas à dénoncer les injustices et les violences subies par les femmes dans le monde du sport.
Mais au-delà des athlètes connues du grand public, des sportives anonymes et des collectifs se mobilisent pour l’égalité dans le sport et la liberté des femmes. Et les Françaises ne sont pas en reste pour faire avancer la place des femmes dans le sport ! C’est par exemple le cas de Pauline Bouzom, fondatrice de la communauté des Belles Foulées, dont l’objectif est de rassembler les femmes autour de la course à pied et de leur donner confiance en elles. Côté football, les Hijabeuses sont un collectif de sportives qui portent le voile et défendent le droit de toutes les femmes à faire du sport. Toujours dans le foot, l’association Les Dévalideuses porte la voix des femmes handicapées en communiquant sur leurs problématiques spécifiques dans le milieu sportif et en agissant pour plus d’égalité.
Les disparités sont encore nombreuses entre les hommes et les femmes dans le sport. Rémunération, postes, tenues, ressources, accès aux structures, visibilité médiatique… La place des femmes dans le sport est encore loin derrière celle des hommes. L’égalité ressemble plus à une course de fond qu’à un sprint !
En France en 2022, les femmes gagnaient en moyenne 24% de moins que les hommes. Le monde du sport n’est pas épargné par les inégalités de rémunération et le sexisme. Les différences sont plus marquées dans certaines disciplines, principalement les sports collectifs. En plus des salaires, les accès aux structures, aux primes et aux sponsors varient entre hommes et femmes.
L’encadrement sportif est, lui aussi, plus favorable aux hommes, qu’ils soient professionnels ou amateurs. En 2018, seulement 35 % de femmes présidaient des associations sportives. Elles sont aussi minoritaires parmi les personnes élues en conseil d’administration.
Les discriminations s’étendent jusqu’aux tenues des athlètes pour certaines disciplines. Ce n’est qu’en 2019 que la Fédération internationale de tennis a autorisé les compétitrices à jouer en legging ou en shorts mi-cuisses, sans jupe au-dessus. En 2021, les joueuses de beach-handball norvégiennes ont dû payer une amende pour avoir refusé de jouer en bikini alors que leurs homonymes masculins peuvent jouer en short. Suite à cet événement, la Fédération internationale de handball a changé son règlement pour faire avancer la place des femmes dans le sport : les joueuses peuvent désormais porter un short en compétition.
Côté visibilité, les médias ne sont pas égaux entre les sportives et les sportifs. Selon une étude de l’Arcom (Analyse du poids des retransmissions de compétitions sportives féminines à la télévision entre 2018 et 2021, janvier 2023), 71,5 % du sport diffusé à la télévision en France entre 2018 et 2021 concernait des hommes et seulement 4,5 % des femmes. Le reste concerne des évènements sportifs mixtes. La presse et la radio sont aussi actrices de cette inégalité de médiatisation entre les athlètes.
Pour atténuer ce constat et faire avancer la place des femmes dans le sport, les sportives se font elles-mêmes leur place sur les réseaux sociaux. Et elles ne sont pas les seules : des collectifs et des journalistes spécialisées n’hésitent pas à mettre en avant les femmes athlètes et à dénoncer les inégalités qui les touchent. C’est le cas de Morgane Sellès, via son compte Instagram Les Athénien.nes. L’enjeu de leur visibilité numérique est triple : attirer des sponsors, permettre une représentation équitable dans le sport et inspirer d’autres sportives, même si les réseaux sociaux ne font pas exception sur le sujet des discriminations et du sexisme.
La place des femmes dans le sport n’est pas encore à la hauteur de leurs performances et les inégalités persistent. Face à cette situation, des mesures sont prises pour tenter de réduire le fossé entre les athlètes. Entre initiatives pour accompagner le développement des sportives et actions contre les Violences Sexistes et Sexuelles (VSS) dans le domaine du sport, voici quelques mesures prises ces dernières années en France.
Les fédérations et gouvernements internationaux ont un rôle à jouer dans la réduction des inégalités entre sportifs et sportives. Ils peuvent mettre en place des mesures et des actions concrètes pour faire évoluer le sport dans le bon sens. En France, le label Terrain d’égalité a été créé par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, le ministère des Sports et la Délégation interministérielle aux grands événements sportifs (DIGES). Il s’adresse aux structures organisatrices d’événements sportifs internationaux et vise la promotion de “l’égalité entre les femmes et les hommes et à lutter contre toutes les formes de discriminations et contre les violences sexistes et sexuelles, avant et pendant les événements sportifs”. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 et la Coupe du monde de Rugby France 2023 ont notamment obtenu ce label.
En 2024, le Comité International Olympique a, lui aussi, avancé sur le sujet en éditant les “Directives du CIO pour une représentation égalitaire, équitable et inclusive des genres dans le sport”. Elles visent une représentation égale des femmes et des hommes dans toute communication en lien avec les Jeux et le mouvement olympique, pour faire progresser la place des femmes dans le sport à ce niveau.
Les Violences Sexistes et Sexuelles font aussi partie des éléments qui impactent la place des femmes dans le sport. Après les témoignages de nombreuses sportives françaises suite au mouvement #Metoo, le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a créé une adresse mail pour que les victimes puissent dénoncer les violences subies dans le cadre sportif. La Commission nationale consultative des droits de l’homme a, de son côté, formulé 15 recommandations pour prévenir et lutter contre les VSS dans le sport et accompagner les victimes.
Ces réponses administratives et juridiques permettent de poser un cadre nécessaire à l’évolution des comportements. Mais les moyens et les actions prises pour accélérer les choses et sanctionner les agresseurs semblent en retard par rapport à la réalité des VSS dans le sport. Face à ce constat, les sportives semblent de plus en plus solidaires pour lutter ensemble contre ces violences. C’est notamment le cas des joueuses de football espagnoles qui ont dénoncé l’agression de Luis Rubiales, président de la Fédération Espagnole de Football, en 2023. Il a embrassé sans son consentement la joueuse Jenni Hermoso lors de la Coupe du monde. En réaction à cette agression, les joueuses de l’équipe se sont mises en grève en attendant une sanction de la Fédération Espagnole de Football. À force de pression, le rapport de force s’est inversé et Luis Rubiales a démissionné de son poste.
💡 L’info de la team ASPTT
Et les athlètes transgenres, dans tout ça ? Leur volonté de participer aux événements sportifs, comme tout athlète, centre régulièrement le débat autour de supposées inégalités physiques et de performances. Quoi qu’il en soit, cela amène la question de la catégorisation des épreuves entre hommes et femmes. Et de la possibilité de créer des pratiques sportives mixtes, avec des règlements qui assurent une égalité dans le jeu pour limiter les discriminations.
Malgré des avancées significatives depuis plus d’un siècle, la place des femmes dans le sport est encore bien derrière celle des hommes. Il reste beaucoup à faire pour atteindre une véritable égalité, à différents niveaux. Mais les athlètes féminines œuvrent, par leurs performances et leurs convictions, à faire bouger les choses, dans la lignée de leurs prédécesseuses !
Sources :
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